La fièvre de la migration vers le nord gagnait tous les oiseaux de la forêt amazonienne, les poussant à se réunir. Ils se chamaillaient à propos de qui devait partir le premier pour diriger la migration.
— Ce n’est pas pour me vanter, dit le grand Héron, mais je suis le plus aérodynamique avec mon cou en S. Je vole sans détour.
— C’est possible, dit l’aigle royal, mais moi, avec mes ailes puissantes je vole contre le vent.
— Ne soyez pas ridicules, dit l’oie des neiges, moi je vole comme une flèche en gang et mes cris s’entendent de loin.
— Cessez vos querelles, dit la vétérante colibri fauve, je vole plus vite qu’un avion de chasse. Je suis capable de voler sur place et de reculer.
Elle n’a pas eu le temps de finir que tous se moquèrent de cette charmante miniature de la nature. Faire confiance à plus petit que soi ne faisait pas partie du monde des oiseaux.
Madame colibri a réuni ses congénères et leur a annoncé qu’ils partiraient les derniers. Voler dans la cohue était trop risqué.
Comme chaque année, elle transmet à la nouvelle génération La légende de la route des lumières.
— La légende nous vient des temps anciens. Elle raconte qu’un jour, au nord, naîtra une jeune fille rousse qui illuminera notre monde. Dans la nuit la plus noire, elle nous guidera en faisant jaillir la lumière non pas du ciel, mais de la terre.

Les années s’écoulèrent et de génération en génération, la vieille légende s’imprima dans le cœur de chacun.

Et si la légende disait vrai.